Sympetrum pedemontanum (O.F. Müller in Allioni, 1766)

Sa répartition régionale est centrée sur l’extrémité nord-orientale, centrée sur le Territoire de Belfort et les Vosges saônoises, avec quelques incursions ponctuelles dans la vallée du Doubs dans le Pays de Montbéliard et la moyenne vallée de l’Ognon. Elle voisine le seul noyau stable de l’espèce en Lorraine, au sud des Vosges, dans d’anciennes carrières alluviales du secteur de Remiremont, à la confluence des vallées de la Moselle et de la Moselotte (J. DABRY, comm. pers.). En Alsace, elle se rencontre dans la Hardt, le Nonnenbruch et la bande rhénane, depuis la Petite Camargue jusqu'à Strasbourg (MORATIN, 2016).

L’essentiel des observations réalisées en région provient de bords d’étangs, mais le sympétrum du Piémont a été observé dans une large gamme d’autres habitats : gravière, mare à végétation pionnière, tourbières et bord de cours d’eau. Néanmoins, aucun indice de reproduction n’a été relevé, ce qui ne permet pas de qualifier son biotope de reproduction. En Rhône-Alpes, l’espèce semble étroitement associée à des milieux qui ne sont que temporairement en eau, et en particulier aux canaux d’irrigation et aux annexes (lônes ou adoux) de la Durance, ces dernières semblant constituer son habitat primaire (DELIRY, 2008). En Alsace, c’est également le cas, en milieu alluvial (vallée du Rhin et le long du canal de du Rhône au Rhin). En Suisse, elle occupe une gamme d’habitats similaires : rives de faible profondeur de lacs péri-alpins présentant un fort marnage, ruisseaux et fossés à végétation lâche, plans d’eau de gravières et de marnières et mares et dépressions alluviales (WILDERMUTH, 2013). Le biotope larvaire semble donc se caractériser par son caractère pionnier ; les eaux de faible profondeur et chaudes, donc peu colonisées par la végétation, semblent constituer son habitat de prédilection. Les œufs sont même parfois pondus dans des plans d’eau s’asséchant en hiver. Dans ces milieux, les larves ne rencontrent qu’une faible concurrence, ce qui les avantage. Elle partage ces exigences avec S. depressiusculum, avec laquelle elle est souvent sympatrique (HEIDEMANN et SEIDENBUCH, 2002).

L’essentiel des données récentes (dix sur douze) ont plus de dix ans. La dernière décennie n’a donné lieu qu’à deux observations d’individus isolés dans des secteurs tourbeux vosgiens, en 2007 et en 2014. Aucune preuve de reproduction n’a été apportée depuis longtemps, ce qui conduit à se poser la question de l’autochtonie actuelle de l’espèce dans la région. Sa régression marquée dans les régions voisines (forte baisse dans le Bade-Württemberg en Allemagne d’après BOUDOT et KALKMAN, 2015 et disparition de l’essentiel des stations des cantons frontaliers de Suisse d’après WILDERMUTH, 2013) n’inspire guère d’optimisme pour les années à venir.

Bibliographie BOUDOT J.-P. & KALKMAN V. J., 2015. Atlas of the European dragonflies and damselflies. Ed. KNNV publishing, the Netherlands 381 p. DELIRY C. (coord.), 2008. Atlas illustré des libellules de la région Rhône-Alpes. Dir. du Groupe Sympetrum et Muséum d’Histoire Naturelle de Grenoble. Éd. Biotope, Mèze (Collection Parthénope). 408 p. HEIDEMANN H. et SEIDENBUCH R., 2002. Larves et exuvies des libellules de France et d’Allemagne (sauf de Corse). Société Française d’Odonatologie. 416 p. MORATIN R. (coord.), 2016 - Atlas préliminaire des Odonates d’Alsace. Faune-Alsace document n°2 : 95 p. Document numérique. WILDERMUTH H. 2013. Fiches de protection espèces – Libellules – Sympetrum pedemontanum. Groupe de travail pour la conservation des Libellules de Suisse, CSCF info fauna, Neuchâtel et O ce fédéral de l’environnement, Berne. 5 p.