Insectes & invertébrés

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Plan régional d'actions en faveur des libellules - PRA odonates

Les odonates (libellules et demoiselles) constituent un groupe d’insectes emblématique et caractéristique des milieux humides. La France, forte de ses paysages et climats variés, possède la plus grande richesse spécifique de ce groupe taxonomique (98 espèces) et le plus fort taux d’endémisme d’Europe (8 espèces). Pourtant, la Liste rouge des Libellules de France métropolitaine fait état de 14% d’espèces menacées (11 espèces) ou déjà éteintes (2 espèces) sur le territoire. Ce chiffre grimpe à 29% si l’on considère également les espèces quasi-menacées. Leurs habitats, complexes et fragiles, sont soumis à de fortes pressions (dégradation, disparition, modifications climatiques…), si bien que les tendances continuent de se dégrader.

 

Un Plan national d’actions en faveur des libellules…

Afin de mettre un terme à l’érosion de la biodiversité sur son territoire, la France a mis en œuvre depuis 1996 des Plans nationaux d’actions (PNA), alors appelés Plans de restauration, visant à organiser un suivi cohérent des populations d'espèces menacées. À ce jour, plus de 70 PNA ont été déployés depuis la création du dispositif mais seuls 3 concernent un ou plusieurs groupes d’insectes.

Suite à la mise en place d’un premier PNA en faveur des odonates sur la période 2011-2015 et portant sur 18 espèces, un nouveau PNA en faveur des libellules a vu le jour en 2020. Il couvre cette fois une période de 10 ans et porte sur 33 espèces dites de « priorité nationale », sélectionnées selon différents critères (espèces protégées et espèces menacées et quasi-menacées de la Liste rouge des Libellules de France métropolitaine). Il s’articule en 5 grands axes :

  • Mise en œuvre.
  • Connaissance pour l’action.
  • Réseau et dynamiques d’échanges.
  • Gestion, protection et conservation.
  • Sensibilisation et formation.

… décliné en Bourgogne-Franche-Comté

Afin de permettre une intégration des spécificités locales, ce plan est décliné en Plans régionaux d'actions (PRA). En complément des espèces dites de « priorité nationale », les rédacteurs des déclinaisons régionales ont été invités à adjoindre les espèces menacées (catégories « en danger critique » (CR), « en danger » (EN) ou « vulnérable » (VU)) à l’échelle régionale afin de constituer leur liste d’espèces de priorité régionale.

En Bourgogne-Franche-Comté, 75 espèces d’odonates sont recensées dont 22 des 33 espèces cibles du Plan national d’actions, ce qui confère à la région une forte responsabilité quant à la préservation des odonates métropolitains. Ce constat est particulièrement vrai dans le Massif jurassien et les Vosges saônoises, où de larges secteurs présentent entre 8 et 14 espèces menacées (catégorie représentée sur seulement 1% du territoire métropolitain), ainsi que le sud de la Bourgogne, qui constitue entre autres le bastion français pour l'agrion orné (Coenagrion ornatum).

 

Tableau odonates PRA Libellules BFC

 

Si certaines espèces de la déclinaison régionale du Plan national d’actions en faveur des libellules sont largement réparties, on constate que certaines zones concentrent le maximum d’enjeux. C’est le cas des massifs du Jura, des Vosges et dans une moindre mesure de celui du Morvan, ainsi que des principaux grands bassins versants de la région (Loire, Saône et Yonne). D’autres hotspots apparaissent çà et là en raison d’une concentration d’étangs de très bonne qualité.

 

 

Document de synthèse

Au total, ce Plan régional d’actions dresse une liste de 19 actions en faveur de 31 espèces d’odonates, construit autour de 3 objectifs principaux :

  • Améliorer la connaissance sur les odonates et en particulier sur les espèces prioritaires du plan.
  • Améliorer, le cas échéant, l’état de conservation des espèces et de leur habitat en région.
  • Sensibiliser, informer et former le grand public et les professionnels à la protection des odonates et à leur prise en compte dans les politiques d'aménagement du territoire.

 

Publié en 2023, ce document est désormais accessible en ligne.

Référence bibliographique du document : Itrac-Bruneau R., Barbotte Q., Jacquot, P. & Mora F. (coord.), 2023. Déclinaison régionale du Plan national d’actions en faveur des libellules - Bourgogne-Franche- Comté - 2021-2030 - Agir pour la préservation de nos libellules et demoiselles patrimoniales. Société d’histoire naturelle d’Autun-Observatoire de la Faune de Bourgogne, Conservatoire botanique national de Franche-Comté – Observatoire régional des Invertébrés, OPIE Franche-Comté, Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne, Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté - 180 p.

 

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter ce document en ligne :

Consulter le Plan régional d’actions en faveur des libellules Bourgogne-Franche-Comté

 

Zoom sur plusieurs espèces patrimoniales de Franche-Comté

Avec 75 espèces présentes sur son territoire (espèces observées au moins une fois), dont 26 zygoptères et 49 anisoptères, la région Bourgogne-Franche-Comté possède plus de 3/4 de la faune métropolitaine. Cette diversité est le reflet de plusieurs facteurs combinés : plusieurs influences climatiques, un réseau hydrographique dense, une multitude de faciès de milieux humides offrant des habitats variés (des sources et plus petits cours d’eau aux fleuves de plaine, mares, étangs, lacs, réservoirs, marais tuffeux, tourbières, prairies humides en plaines alluviales...) et une amplitude altitudinale allant de 52 m à 1 495 m.

Les cours d’eau de grande taille

 

 

 

 

 

 

Les grands cours d’eau abritent notamment la magnifique cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), une espèce protégée au niveau national et européen. On la retrouve principalement sur les zones calmes des cours d’eau où subsiste une ripisylve dense, bien qu’elle puisse également occuper des milieux stagnants (étangs, gravières et sablières).

La larve vit enfouie dans les débris végétaux accumulés entre les racines immergées des arbres (notamment des saules). Entre 2012 et 2017, les investigations engagées dans le but de préciser sa répartition sur le territoire franc-comtois ont conduit à améliorer de façon spectaculaire la connaissance sur sa distribution et son caractère reproducteur.

Aujourd’hui, cette connaissance continue encore de s’étoffer. Sa préservation passe principalement par le maintien de faciès à courant lent et des zones d’eaux profondes présentant une ripisylve dense et riche. L’implantation du peuplier, qui dénature la physionomie des berges, doit être limitée.

Les cours d’eau de petite taille

 

 

 

 

 

 

Les cours d’eau de taille plus modeste, les ruisselets et sources ne sont pas en reste et se voient quant à eux colonisés par plusieurs espèces d’intérêt patrimonial. Citons par exemple le cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata) qui se reproduit au niveau des sources, ruisselets ou ruisseaux de faible taille (souvent en contexte forestier), mais aussi dans les marais de pente (dont les marais tufeux) et suintements.

Ces dernières années, les recherches axées sur les larves ont permis d’améliorer grandement la connaissance sur sa répartition et sur son autochtonie. Néanmoins, l’espèce reste globalement assez rare en Franche-Comté. Ses habitats, fragiles et exigus, sont principalement menacés par le drainage, le curage, le recalibrage des cours d’eau, le captage de sources, l’enrésinement, le piétinement des ruisselets…

Enfin, en asséchant de plus en plus précocement et durablement les sources et les zones les plus en amont des cours d’eau, le réchauffement climatique impacte également considérablement les zones de reproduction du cordulégastre bidenté.

Les milieux stagnants

 

 

 

 

 

 

Les milieux stagnants (lacs, étangs, gravières, mares…) constituent également un habitat privilégié pour de nombreuses espèces de libellules. Parmi le cortège d’espèces associées se trouve le leste fiancé (Lestes sponsa).

En Franche-Comté, l’espèce marque une préférence plus marquée pour les secteurs d’altitude (Vosges, Jura) ainsi que dans les secteurs riches en plans d’eau à faciès atterris.

Actuellement mieux implanté en montagne, il est souvent le seul leste présent au-delà de 1000 m d’altitude. Il évolue au sein de plans d’eau peu profonds et richement végétalisés présentant des berges en pente douce indispensables à son installation et son maintien. Les populations de plaine semblent actuellement décliner, ce qui justifie son inscription dans le Plan national d’actions. Les grandes campagnes de drainage du 20ème siècle ont probablement participé à amoindrir les populations de plaine et accroître leur vulnérabilité.

Les tourbières, marais et milieux annexes associés

 

 

 

 

 

 

Enfin, les milieux tourbeux, marais et milieux annexes associés constituent des écosystèmes souvent très intéressants d’un point de vue odonatologique et dissimulent une biodiversité exceptionnelle : on y retrouve un grand nombre d’espèces patrimoniales de la région.

Parmi celles-ci, citons par exemple l’agrion joli (Coenagrion pulchellum) qui occupe majoritairement des biotopes marécageux aux eaux stagnantes, comme des bordures de lacs et d’étangs, des mares ainsi que des plans d’eau et anciennes fosses de milieux tourbeux.

Ses habitats de reproduction sont fragiles et menacés par le drainage, les activités touristiques et de loisirs (baignade, pêche) et la pisciculture intensive.

 

Un atlas régional, pour tout savoir (ou presque) sur les libellules de la région

Fruit d’un long travail porté par des salariés de plusieurs associations (CBNFC-ORI, OPIE Franche-Comté et SHNA-OFAB) et de nombreux bénévoles, un atlas des odonates de Bourgogne-Franche-Comté est paru en 2022. Cet ouvrage illustre de manière détaillée les 75 espèces présentes en région, leur répartition, leur biologie et les menaces pesant sur elles. Une vingtaine de chapitres viennent agrémenter les monographies, le tout étant richement illustré.

 

Pour en savoir plus sur cet ouvrage édité par l'association Bourgogne-Franche-Comté Nature :

Atlas des odonates de Bourgogne-Franche-Comté

 

 

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