L'ambroisie à feuilles d'armoise
Très allergène pendant sa période de floraison, l’ambroisie à feuilles d’armoise, originaire d’Amérique du nord, constitue un véritable problème de santé publique. Elle génère dans certaines régions des coûts médicaux très élevés. Sa destruction, rendue obligatoire par arrêté préféctoral dans le département du Jura depuis 2007, et depuis 2014 dans le Doubs, en Haute-Saône et dans le Territoire de Belfort, mobilise des crédits publics spécifiques.
Comment la reconnaître ?
L’ambroisie est une plante dressée de 20 à 120 centimètres adoptant un port de buisson lorsqu’elle dispose de place. Les feuilles, légèrement poilues, à contour ovale-triangulaire, sont profondément divisées jusqu’à la nervure en lobes dentés. Elles sont opposées à la base des tiges et deviennent alternes, plus étroites, moins découpées et sessiles vers le sommet.
Avec l’âge, la tige velue se ramifie à la base et devient souvent rougeâtre. Son inflorescence est constituée de nombreux capitules de petites fleurs unisexuées verdâtres, entourées d’un involucre à bractées soudées. Ces capitules sont disposés en épis terminaux dressés au sommet de la plante. Les capitules supérieurs regroupent entre 20 et 50 fleurs mâles. Les capitules inférieurs, moins nombreux, insérés à l’aisselle des feuilles supérieures, sont constitués d’une ou deux fleurs femelles sans pétale. Les fruits sont des akènes (fruits secs et indéhiscents à une seule graine) ovoïdes, lisses, longs de 3,5 millimètres environ, munis de 5 à 6 épines vers leur sommet.
Quand l'observer ?
- Mai - juin : sous la forme de jeunes plants. La plante est encore difficile à repérer à ce stade pour les non-initiés et ne mesure pas plus de 10 cm.
- Juillet - mi-août : l’ambroisie croît très vigoureusement pour atteindre sa taille adulte. Elle adopte souvent la forme de petits buissons pouvant atteindre 1m 20.
- Mi-août - septembre : l’ambroisie développe ses inflorescences, dont ses épis terminaux dressés, qui lui donnent un aspect de chandelier et la rendent très repérable. C’est la période de pollinisation, tant redoutée par les personnes allergiques.
- Octobre - novembre : la plante fructifie et dissémine ses graines, avant de succomber lors des premières gelées.
Où l'observer ?
l'ambroisie à feuilles d'armoise se développe principalement sur les sols nus ou régulièrement perturbés. C’est pourquoi elle affectionne tout particulièrement les champs cultivés, les chantiers de construction, zones de remblais et accotements routiers, ainsi que les bancs de graviers des rivières.
En savoir plus : site Signalement Ambroisie
Risque de Confusion avec l'armoise vulgaire
Dans notre région, l’ambroisie peut surtout être confondue avec l’armoise vulgaire (Artemisia vulgaris L.), en photo ci-dessus. La simple comparaison des feuilles permet de distinguer les deux espèces, les feuilles de l’armoise sont vertes sur la face supérieure et blanches tomenteuses sur la face inférieure. De plus, l’armoise dégage une odeur marquée quand on la froisse, contrairement à l’ambroisie, qui reste inodore.
Distinguer armoise et ambroisie
| Ambroisie | Armoise |
Couleur | Les deux faces vert clair | Face supérieure vert foncé Face inférieure blanchâtre |
Forme | Profondément divisée jusqu’à la nervure | Divisée mais sans aller jusqu’à la nervure |
Odeur | Pas d’odeur quand on la froisse | Odeur marquée quand on la froisse |
Découverte de l’ambroisie trifide en Franche-Comté
Jusqu’en 2022, parmi les quatre espèces d’ambroisie introduites en France, seule l’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia L.) était connue en Franche-Comté. Durant l’été 2022, l’ambroisie trifide (Ambrosia trifida L.) a fait, pour la première fois, l’objet de deux signalements, l’un dans le département du Doubs et l’autre en Haute-Saône. Dans les deux cas, l’espèce a été découverte en pied de mangeoire à oiseaux dans des jardins, ce qui indique que les mélanges de graines pour les oiseaux peuvent contenir aussi des semences de cette espèce.
Les caractéristiques de cette espèce bien plus robuste que l’ambroisie à feuilles d’armoise doivent inciter à une grande vigilance à son encontre. La transmission de tout signalement suspect doit être faite dans les meilleurs délais afin d’éviter sa dissémination.
Une mobilisation spécifique contre l'ambroisie
Figurant certainement parmi les espèces végétales les plus médiatisées, cette plante mobilise depuis quelques années toutes les structures institutionnelles de la région et tous les acteurs des communes concernées par sa présence.
Si la raison première est liée au caractère très allergisant de son pollen, de réels problèmes agronomiques sont en recrudescence, liés à la concurrence très forte que l’ambroisie à feuilles d’armoise est en mesure de provoquer à certaines plantes cultivées.
Originaire d’Amérique du Nord, cette plante a été importée involontairement en France vers 1865. Connue de manière très ponctuelle en Franche-Comté depuis des décennies, cette espèce semble connaître depuis le début des années 2000 un accroissement extrêmement rapide du nombre et de l’importance de ses populations, principalement dans le département du Jura.
Constatant en 2005 le développement inquiétant de l’espèce dans la région doloise, le Conservatoire fait état de cette situation aux autorités. Consécutivement, l’organisation de réunions en préfecture de région cible d’abord l’urgence sur le département du Jura.
Le Conservatoire est alors sollicité pour produire des outils de communication, pour réaliser des formations aux acteurs de terrain principalement concernés et pour faciliter la remontée et la centralisation des observations d’ambroisie à feuilles d’armoise.
En 2007, la préfecture du Jura adopte un arrêté rendant désormais la lutte obligatoire dans le département. En dépit d’actions diverses de communication et de formation, l’absence d’un réel plan de lutte faisant l’objet d’une animation fait défaut.
En 2010, les autorités en charge du dossier, dont l’Agence régional de santé de Bourgogne - Franche-Comté au premier chef, confient l'animation et la coordination de la lutte à la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles de Bourgogne - Franche-Comté (FREDON). Dès lors, la prise en charge de l’espèce va s’organiser et s’amplifier. Des comités de pilotage, des groupes de travail et des réseaux d’acteurs se réunissent et collaborent lors de chaque nouvelle saison de végétation pour restreindre le développement de l’ambroisie.
Parmi les avancées notables figurent notamment :
– la création au niveau national, en 2011, de l’Observatoire des ambroisies, ayant pour rôle la coordination des actions et la constitution d’un centre de ressources sur ce thème ;
– la prise d’arrêtés préfectoraux, en 2014, dans les quatre départements de Franche-Comté (Doubs, Jura, Haute-Saône et Territoire de Belfort) pour rendre obligatoire la destruction de l’ambroisie à feuilles d’armoise. Ces arrêtés seront révisés en 2019 pour tenir compte du nouveau dispositif réglementaire national spécifique à la lutte contre les ambroisies, intégré en 2017 dans le code de la santé publique (CSP) suite à la loi du 26 janvier 2016 de modernisation du système de santé ;
– la mise en place, consécutivement aux arrêtés préfectoraux de 2014, d’un système de référents communaux et intercommunaux pour renforcer l’organisation de la lutte aux échelons intercommunaux et communaux ;
– l’élaboration, à l’initiative du Cluster éco-chantiers des Travaux Publics de Bourgogne - Franche-Comté, d’un mémento à l’usage des maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre et entreprises pour prendre en compte la problématique de l’ambroisie sur les chantiers BTP
– la mise en place d’une surveillance spécifique des pollens d’ambroisie dans l’air de la région Bourgogne Franche-Comté afin de suivre le risque d’exposition au pollen de cette plante hautement allergisante au fur et à mesure qu’elle gagne du terrain. ATMO BFC diffuse les bilans de cette surveillance sur son site Internet.
L’animation d’un plan de lutte contre une plante annuelle comme l’ambroisie nécessite de transmettre annuellement aux propriétaires, ayants-droits et gestionnaires de parcelles les localisations précises de la plante. Dans ce but, une base de données géolocalisée a été créée en 2010 par le Conservatoire botanique et par la FREDON. Les deux structures mutualisent et valident les données collectées par les réseaux d’observateurs des deux structures.
Une plateforme de signalement dédiée
Depuis 2017, l’ARS, la FREDON et le Conservatoire botanique expérimentent la Plateforme de signalement ambroisie.
Cet outil national vise à mettre en commun les données ; il s’agit d’une plateforme interactive (de type « sciences participatives ») de signalement de l’ambroisie à feuilles d’armoise pour améliorer la lutte. Chaque personne peut signaler à l’aide de son smartphone ou à partir de l’interface Internet toute présence d’ambroisie.
L’intérêt majeur est que ces signalements sont transmis aux gestionnaires et référents communaux ou intercommunaux, désignés depuis la prise des arrêtés préfectoraux en 2014. Ces derniers sont invités à aller vérifier ces signalements et ils peuvent indiquer, sur Internet, s’ils confirment l’identification de l’ambroisie et s’ils ont pu la détruire.
Grâce à cette plateforme, les nouvelles observations d’ambroisie collectées en Bourgogne – Franche-Comté peuvent être récupérées par la FREDON Bourgogne - Franche-Comté et par les Conservatoires botaniques (Bourgogne et Franche-Comté), afin de les ajouter à leurs propres bases de données.
En parallèle, toutes les géolocalisations d’ambroisie mutualisées depuis plusieurs années dans le système d’information géographique commun à la FREDON Bourgogne - Franche-Comté et aux Conservatoires botaniques sont mises en ligne sur Internet via cette plateforme.
Leur accès est possible aux personnes bénéficiant d’un accès « partenaires », c’est-à-dire celles ayant sollicité un identifiant et mot de passe, peuvent visualiser avec précision les localisations d’ambroisie inventoriées. Cette consultation leur permet de mieux organiser la lutte au sein de leur commune, puisque ces partenaires correspondent généralement à des référents communaux ou intercommunaux, désignés depuis la prise des arrêtés préfectoraux en 2014.
Plateforme de signalement Ambroisie
Partagez vos observations !
Afin de préciser la carte de répartition de l'ambroisie en Franche-Comté, nous vous invitons à nous signaler toute observation de cette plante sur le territoire.
- Dans le cadre du plan de lutte régional contre l’ambroisie à feuilles d’armoise, le recensement de cette espèce doit être privilégié sur le site Internet de la Plateforme de signalement ambroisie. En effet, cet outil, national, a l’avantage de permettre la visualisation et la transmission directe des données signalées aux acteurs locaux, ce qui contribue à une plus grande réactivité de la lutte.
Plateforme de signalement ambroisie
Néanmoins, comme pour toutes les espèces végétales exotiques, le recensement de l’ambroisie peut aussi être réalisé via le module de recensement des plantes exotiques envahissantes en Franche-Comté du CBNFC-ORI. Les données seront vérifiées (grâce à la photo à joindre) puis intégrées à la base de données régionale en prévision de la campagne de lutte de l’année suivante.