Azuré de la croisetteFamille : Lycaenidae Genre : Phengaris Groupe : Rhopalocera ID Taxon : 144345eEspèce protégée Statut de protectionprotection nationaleNiveau de menace (critères UICN)En Franche-ComtéVURareté régionaleassez rare Directive habitat - Déterminant ZNIEFFOuiIndigénatindigèneCatégorie d'espèce exotique - Dernière mise à jour des textes :27/10/2020 Répartition nationaleRépartition régionaleEcologieConservationRemarquesEspèce méditerranéo-asiatique, en régression dans toute l’Europe et peu abondante en France. Elle semble avoir disparu de plusieurs territoires comme l’Aube ou l’Alsace (liste non limitative) ; de fait, son habitat est menacé sur l’ensemble de son aire de répartition en France. Dans le massif du Jura, elle vole jusqu’à 1 200 m (Jura : La Pesse, L’Embossieux). En Haute-Saône, seulement deux stations sont actuellement connues, en pelouses sèches à l’ouest de Vesoul. L’Azuré de la Croisette fréquente les prairies mésophiles, les prairies maigres et les pelouses sèches sur lesquelles pousse sa plante-hôte, la Gentiane croisette (Gentiana cruciata). Cette plante se développe préférentiellement dans des habitats marneux plus ou moins instables, « rajeunis » ou « remaniés » ponctuellement ou régulièrement. Les biotopes fréquentés par M. alcon rebeli correspondent donc souvent à des stations au sol perturbé – talus de routes, chemins ou bordures de ceux-ci –, ou à tout autre type de milieu favorisant les espèces pionnières : pelouses marneuses, anciennes zones d’extraction, passages de canalisations, anciennes aires de dépôt de grumes par exemple. Les prés maigres, fauchés une fois l’an et en fin d’été, sont également favorables, ainsi que les sites pâturés régulièrement mais sur une courte durée. En Belgique, l’espèce est ainsi principalement liée aux grands complexes pastoraux à végétation rase. La Grande Gentiane (Gentiana lutea) est également acceptée dans les Cévennes, dans l’Aubrac et dans certaines stations de Franche-Comté. La Gentiane croisette fleurit de juillet à septembre, selon les régions. La ponte s’effectue préférentiellement sur les plantes dominantes dont les boutons sont encore fermés. L’Azuré de la Croisette est myrmécophile : après avoir abandonné sa plante-hôte, la chenille est transportée jusqu’à une fourmilière de Myrmica sp. (M. schencki représentant la fourmi-hôte principale), où les ouvrières la nourriront par trophallaxie jusqu’à la fin de son développement. Les adultes, floricoles, visitent les inflorescences de l’Origan vulgaire (Origanum vulgare) et de divers Serpolets (Thymus spp.). Certains biotopes extrêmement restreints abritent des micro-populations qui se maintiennent peut-être à la faveur d’échanges avec des colonies vivant en périphérie. Ces micro-stations pourraient également correspondre à des sites-étapes colonisés lors des mouvements de dispersion d’imagos à la recherche de lieux de ponte. La distance maximum parcourue observée est de 3 km. L’Azuré de la Croisette est entre autres menacé par l’intensification des pratiques agricoles, en particulier par la fumure des formations herbacées maigres et les fauches répétées. L’abandon des activités agro-pastorales traditionnelles (pâturage extensif en particulier) qui entraîne la fermeture des milieux constitue également une menace majeure pour cette espèce. La Gentiane croisette est en effet sensible à la concurrence des autres plantes, et résiste mal à l’embroussaillement et à la densification du couvert arboré. Un recouvrement important du sol par la litière limite visiblement la germination des graines (Dolek et al., in Perru, 2003). Ces différentes atteintes, couplées aux opérations d’enrésinement, induisent une disparition massive des milieux oligotrophes particulièrement favorables à la Gentiane croisette. À noter enfin que l’état de conservation des populations des diverses espèces de Myrmica est actuellement très mal connu. La préservation de cette espèce implique une approche de la conservation à l’échelle du paysage. La stratégie conservatoire doit ainsi être établie non seulement à l’échelon stationnel, mais également à celui du réseau de sites occupés ou potentiels, ceci afin d’assurer la connectivité entre les principaux noyaux de populations. La protection réglementaire du papillon entraîne d’ailleurs en toute logique une protection des stations associées. Pour le gestionnaire, il est possible d’intervenir sur le milieu pour favoriser la dynamique de la Gentiane et donc du papillon. Pour atteindre une croissance végétative et florifère optimale, la Gentiane croisette doit se maintenir dans un milieu ouvert sans forte concurrence, d’autant que les femelles de M. rebeli semblent sélectionner les plants les plus vigoureux pour la ponte. Afin de répondre à cet objectif, la réouverture par débroussaillage automnal ou hivernal permet de redynamiser les populations de Croisette tout en limitant la progression des ligneux. L’exportation des rémanents est par ailleurs impérative, d’autant que la germination des graines se fait sur terre à nu. Un décapage superficiel du sol autour des pieds existants peut favoriser l’extension de la plante-hôte, mais dans tous les cas, le nombre potentiel de fourmilières limite les possibilités de développement des populations de l’Azuré. Il importe de souligner que la situation diffère assez nettement dans les stations où le papillon exploite la Grande Gentiane (Gentiana lutea). Dans ce dernier cas, les pieds les moins développés, souvent implantés en position d’ourlets, sont sélectionnés préférentiellement par les femelles à la ponte alors que les pieds vigoureux sont moins recherchés, voire totalement délaissés. Toutes les stations répertoriées à ce jour correspondent à des pelouses légèrement enfrichées, illustrant l’importance de conserver un piqueté de buissons. De manière plus large, la mise en place d’un pâturage extensif constitue visiblement un mode de gestion bien adapté (sachant que les ovins et les équins délaissent la Gentiane croisette). L’Azuré de la Croisette est l’objet d’opérations ciblées en Franche-Comté, afin d’assurer la préservation d’un réseau de sites. Essayan R., Jugan D., Mora F. & Ruffoni A. (coord.) 2013. Atlas des papillons de jour de Bourgogne et de Franche-Comté (Rhopalocères et Zygènes). Rev. Sci. Bourgogne-Nature Hors-série 13. 494 p.