Espèces végétales

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Suivi floristique de la tourbière vivante de Frasne - Quatrième passage, 28-29 juin 2022

Bailly G. & Greffier B., 2022. Suivi floristique de la tourbière vivante de Frasne. Quatrième passage, 28-29 juin 2022. Conservatoire botanique national de Franche-Comté – Observatoire régional des Invertébrés, 17 p. + annexes.

Ce rapport rend compte de la quatrième campagne d’observations réalisée sur les seize quadrats du suivi floristique implantés en divers points de la tourbière vivante de Frasne et dans le bas-marais attenant. Le dispositif, installé en 2004, avait pour but initial la surveillance de l’évolution d’un des sites d’intérêt majeur du complexe tourbeux de Frasne, la tourbière « vivante » qui montrait des signes d’évolution allant vers un assèchement et une perte de typicité. Depuis, il s’insère dans un processus d’évaluation de l’impact de plusieurs mesures de restauration, certaines de grande ampleur, affectant ce secteur.

Il s’agit du quatrième rapport portant sur le suivi floristique de la tourbière vivante de Frasne. Initié durant l’été 2004, il a été renouvelé selon la chronologie suivante :

  • 30 juin 2004 et 01 juillet 2004 : installation, description de l’état zéro ;
  • 12 juillet 2010 et 13 juillet 2010 : second passage après six ans ;
  • 4 juillet 2017 et 5/ juillet 2017 : troisième passage sept ans après, soit treize ans depuis l’installation ;
  • 28 juin 2022 et 29 juin 2022 : quatrième passage cinq ans plus tard, soit dix-huit ans depuis l’installation.

Les dates d’intervention s’efforcent de coïncider avec des périodes optimales pour la phénologie des espèces, particulièrement les Carex. Elles interviennent habituellement vers la fin juin tout en tenant compte des contraintes météorologiques de l’année et de l’accessibilité du site. En 2010, un printemps très arrosé avait, par exemple conduit à reporter l’intervention d’une quinzaine de jours. En 2022, la végétation s’est avérée déjà très avancée fin juin, les Carex étant majoritairement défleuris.

Le contexte et les enjeux associés au site ont été détaillées dans les restitutions précédentes (Bailly, 2005, 2011, 2018).

En résumé :

  • le site étudié s’inscrit dans le périmètre de la Réserve Naturelle Régionale des Tourbières de Frasne- Bouverans, statut acquis en 2014 après la péremption de l’ancien statut de réserve naturelle volontaire, datant de 1986 et supprimé en 2002 ;
  • les seize quadrats sont implantés dans deux secteurs connexes, appartenant à deux bassins morainiques séparés par un seuil. Les deux compartiments sont relativement isolés sur le plan du fonctionnement hydrologique ; occasionnellement, le compartiment ouest peut recueillir les eaux de débordement de la tourbière vivante ;
  • le compartiment accueille principalement une cariçaie paratourbeuse, dominée par Carex elata ; la lisière sud de ce compartiment, au contact de la pessière tourbeuse, est plus diversifiée et abrite plusieurs associations acidiclinophiles de bas-marais de transition ainsi qu’un secteur de haut-marais de composition proche de ceux de la tourbière vivante. Les habitats de la lisière sud accueillent une série d’espèces patrimoniales, la plupart protégées à l’échelon national (Andromeda polifolia, Carex chordorrhiza, C. limosa, Scheuchzeria palustris). Parmi celles-ci, Carex chordorriza est protégé au niveau national, estimé en danger d’extinction dans la Liste rouge de Franche-Comté (Ferrez et al., 2014) ainsi que dans la liste rouge nationale. Carex heleonastes (protection nationale, vulnérable dans la liste régionale, en danger d’extinction dans la liste rouge nationale) a également été observé dans ce secteur mais hors placette.
  • le compartiment ouest (la tourbière vivante) est principalement caractérisé par l’extension exceptionnelle d’un habitat très rare en Franche-Comté, un haut marais acidiphile inondable, turfigène de l’Eriophoro vaginati-Sphagnetum angustifolii Hueck corr. Thébaud & Pétel 2008. L’ensemble héberge également une série d’espèces patrimoniales dont Andromeda polifolia, Carex limosa, Drosera rotundifolia et Scheuchzeria palustris parmi celles protégées à l’échelon national ;
  • plusieurs opérations de restauration sont intervenues sur le site depuis l’installation du suivi : des travaux de renaturation sur l’exutoire du bas-marais (compartiment est), portant sur un ancien drain, ont été menées en 2005 et 2009 afin de prolonger les périodes d’ennoiement du secteur. Un chantier de réhabilitation de grande ampleur a été lancé en fin 2015, concernant le secteur du Creux au lard, principal exutoire de la tourbière vivante. Finalisé en juin 2016, l’opération, en augmentant de plus de 50% la superficie du bassin alimentant la tourbière vivante, devrait impacter significativement le fonctionnement de la tourbière.